Les voiliers sont le symbole de l’attirance que l’homme a, depuis toujours, pour l’utilisation de la force du vent pour parcourir les mers. Qu’il s’agisse de grands voiliers classiques ou de bateaux de croisière modernes et élégants, tous sont le fruit d’une relation harmonieuse entre la nature et la technologie. Les passionnés de voile sont attirés par l’esprit de liberté et d’aventure qu’offre la navigation à la seule force du vent, qu’il s’agisse de croiser tranquillement le long des côtes ou de participer à des courses au large.
Il existe de nombreux types de voiliers, du dériveur aux grands voiliers. Leur taille varie de 2,36m pour un dériveur léger comme l’Optimist, à plus de 90 mètres de long pour un superyacht.
L’éventail de voiliers disponibles est bien plus large que celui des véhicules automobiles, ce qui peut donner l’impression que le choix d’un premier bateau est très difficile. En effet, les voitures sont toutes de largeur similaire et leur longueur varie de 2,5 m pour une Smart à 8.5m pour une limousine. En revanche, les voiliers sont de tailles très diverses et peuvent même avoir deux ou trois coques.
LES DIFFÉRENTS VOILIERS ET LEUR PROGRAMME
Il ne faut pas oublier que la voile est une activité pouvant revêtir de nombreuses formes. Cela peut aller d’une balade tranquille d’une heure ou deux par une douce soirée d’été à une véritable course au large. Elle est pratiquée par des personnes de tous âges et de tous horizons, avec des budgets très variés et des niveaux de compétence différents.
La régate est un passe-temps, en semaine ou en week-end, pour de nombreuses personnes dans les clubs du monde entier. Il existe également des équipes professionnelles qui participent à des courses allant de la régate côtière diurne à des courses en solitaire ou en équipage autour du monde, parfois sans escale.
La croisière à la voile est de loin l’activité la plus populaire et elle peut se pratiquer de différentes manières, en utilisant plein de voiliers différents sur tous types de plans d’eau : lacs, rivières, canaux, en mer le long des côtes, et même sur des traversées océaniques.
Étant donné la grande variété de programmes possibles, il n’est pas surprenant qu’il y ait de nombreux styles de bateaux différents. Certains d’entre eux sont optimisés pour un seul type de navigation, tandis que d’autres sont dessinés pour une utilisation plus polyvalente. Il peut donc sembler difficile de choisir le meilleur bateau, surtout son premier, mais ne vous inquiétez pas : essayez-en plusieurs et achetez celui compatible avec votre budget.
LES MODES CHANGENT
Les bateaux, en particulier ceux en polyester, ont une longue durée de vie – il existe de nombreux exemples parmi les premiers voiliers construits dans ce matériau dans les années 50, qui sont structurellement toujours en bon état, même s’ils ont été rénovés et que de nombreux équipements ont été remplacés déjà plusieurs fois. Au fil des décennies, la conception des voiliers a énormément évolué, parfois sous l’effet de modes liées à l’époque. Dans certains cas, il s’agissait de règles de jauge pour les bateaux de course qui ont créé des tendances qui se sont répercutées sur les bateaux de croisière.
Dans d’autres cas, leurs caractéristiques étaient dictées par des considérations plus pratiques : avant l’avènement des systèmes actuels d’enroulement des voiles, le gréement de ketch avec des voiles réparties sur deux mâts était très apprécié, car cela permettait de réduire la taille de chaque voile. De même, un gréement de cotre avec deux voiles d’avant était également fréquent pour les mêmes raisons.
Cependant, l’accastillage moderne permet à une personne seule de manœuvrer des voiles deux fois plus grandes, et bien plus encore si l’on utilise des winchs électriques et des enrouleurs. C’est pourquoi le gréement de sloop est devenu presque incontournable ces dernières années, quelle que soit la taille du bateau.
Il existe également de nombreux types de quilles différents. Ceux-ci reflètent à la fois les progrès réalisés dans la conception des bateaux et l’immense variété de programmes de navigation, qui vont de la navigation côtière à la grande croisière, de la petite balade de l’après-midi à la course à haut niveau pour laquelle la performance maximale est primordiale.
Alors que de nombreux acheteurs veulent absolument un bateau à la pointe de la technologie, il existe également depuis toujours des amateurs pour des voiliers plus traditionnels dans la grande famille des marins. Ce n’est pas seulement l’apanage d’un petit nombre de passionnés de bateaux classiques, il y a des médaillés olympiques et des coureurs au large professionnels qui sont propriétaires de bateaux classiques impeccablement entretenus. De même, l’organisation de nombreuses classes de régate accessibles à tous – y compris celles privilégiées par les meilleurs marins – a plus de 40 ans.
TYPES DE VOILIERS
Il existe de nombreux types de bateaux à voile, qui se distinguent par les caractéristiques suivantes :
- Type de coque : monocoque, catamaran ou trimaran
- Type de quille : quille droite, quille à ailettes, quille à bulbe, dériveur lesté ou dériveur intégral, biquille, quille relevable, quille longue
- Type de safrans : derrière la quille, protégé par un skeg, accroché au tableau arrière, suspendu, double safran.
- Configuration du mât et des voiles : sloop en tête, sloop fractionné, ketch, goélette, yawl, cotre, gréement de catboat.
Examinons ces différents types de bateaux un peu plus en détail.
TYPE DE COQUE
La coque est la partie principale d’un voilier. Elle est généralement fabriquée en fibre de verre, en métal ou en bois. Le type de bateau induit le nombre de coques.
- Monocoque – une coque
- Catamaran – deux coques
- Trimaran – trois coques
Les monocoques sont de loin les plus courants et leur stabilité repose sur la combinaison de la forme de la coque et du poids (lest) de la quille. Les catamarans offrent beaucoup plus d’espace intérieur et de surface de pont à longueur égale. Ils sont donc de plus en plus prisés par les propriétaires de bateaux de croisière.
Les catamarans et les trimarans sont nettement plus stables en raison de leur plus grande largeur, et ils sont plus légers car ils ne sont pas lestés par une quille tout en ayant une surface mouillée minimale. Cela leur permet d’atteindre des vitesses extrêmement élevées à la voile. Ces deux types de bateaux sont également appelés “multicoques”.
Les trimarans ont une forme plus stable que les monocoques ou les catamarans et peuvent être poussés plus fort.
TYPE DE QUILLE
Tous les voiliers sont équipés d’un ou plusieurs appendices sous la coque qui réduisent le phénomène de dérive, c’est-à-dire la tendance d’un bateau à être poussé latéralement par le vent. Ces appendices utilisent la vitesse du bateau pour créer une portance, comme le fait une aile d’avion.
Sur les dériveurs et les multicoques, ils ne sont pas lestés, mais les monocoques de plus grande taille sont équipés de quilles qui font également effet de levier pour améliorer la stabilité du bateau. Plus le poids du lest est important – ou plus il est placé bas – meilleure est la stabilité.
Types de quilles (de gauche à droite) : quille droite, quille à bulbe, quille longue. Illustration de Claudia Myatt.
Quille droite
Le type de quille de loin le plus courant est formé d’un voile unique placée au centre du bateau. Ces quilles ont généralement une section étroite, sont courtes par rapport à la longueur de la coque et représentent 30 à 45 % du poids total du bateau.
Quille à ailettes ou à bulbe
Variante de la quille droite dont le poids est placé dans un bulbe ou une paire d’ailettes à la base du voile. Cela augmente la stabilité, car le poids est placé plus bas, ou permet de réduire le tirant d’eau pour faciliter la croisière dans les eaux peu profondes. En revanche, la présence du bulbe ou des ailettes augmente la traînée.
Quille longue
Les quilles longues équipent souvent les voiliers traditionnels. Elles présentent une forme plus longue, moins profonde et plus large en harmonie avec les formes générales de la coque. Bien qu’appréciés par certains pour la croisière hauturière, les bateaux à quille longue ont tendance à être difficiles à manœuvrer en marche arrière et ont un grand rayon de rotation, ce qui peut être gênant, voire stressant, lors des manœuvres dans l’espace contraint de nombreux ports.
Types de quilles (de gauche à droite) : biquille, quille pivotante, quille relevable. Illustration Claudia Myatt.
Biquille
Deux quilles peu profondes, situées de part et d’autre de l’axe de la coque. Les voiliers biquille sont capables de tenir droit sur le sable ou la vase à marée basse. Les biquilles réduisent également le roulis, agissant comme des stabilisateurs.
Apanage des petits voiliers, la plupart des biquilles ne sont pas aussi efficaces que les quilles traditionnelles pour réduire la dérive au près, bien que les meilleurs puissent rivaliser avec un quillard au petit tirant d’eau ou pas optimisé.
Dérives pivotantes et dérives verticales
Il s’agit d’appendices mobiles qui limitent la dérive mais qui peuvent être retirés pour réduire le tirant d’eau dans les eaux peu profondes ou pour faciliter le chargement sur une remorque. Les deux sont normalement non lestés, en particulier sur les dériveurs et de nombreux dayboats. Les dérives pivotent sur un axe qui permet à la partie inférieure de remonter dans le bateau. Mais il existe également des dérives glissant verticalement dans un puits.
Quilles pivotantes et quilles relevables
Ces quilles fonctionnent comme les dérives verticales ou pivotantes, mais elles sont lestées pour améliorer la stabilité.
Dérive sabre et dérive pivotante
Sur ces dériveurs, on voit clairement la différence entre une dérive sabre et une dérive pivotante. Illustration Claudia Myatt.
TYPES DE SAFRANS
Safran derrière la quille
On ne voit ce type de safran que sur les voiliers classiques. Il est facile de les installer solidement et le safran ne risque pas d’accrocher des casiers ou d’autres objets flottants similaires. Cependant, il est presque impossible d’obtenir une forme efficace, ce qui signifie que la barre a tendance à être lourde et qu’il faut plus d’angle de barre, ce qui augmente la traînée et ralentit le bateau.
Safran sur skeg ou aileron
Il s’agit d’un développement ultérieur sur les voiliers dotés d’une quille plus courte, avec un appendice vestigial sous la coque auquel le palier inférieur du gouvernail est attaché. Il s’agit d’une sorte d’étape intermédiaire entre le safran classique et le safran suspendu. On pense souvent qu’il s’agit d’un dispositif solide, mais en réalité, cela dépend de la technologie de l’appendice en question et de la qualité de la fixation de l’aileron ou du skeg à la coque.
Le safran suspendu
Il s’agit du dispositif standard adopté par la grande majorité des voiliers construits depuis le milieu des années 1980. Le safran est généralement construit autour d’un axe métallique qui se prolonge vers le haut dans un tube à l’intérieur de la coque qui le supporte. S’il est bien conçu, ce dispositif peut être très solide et offrir une excellente manœuvrabilité.
Safran sur tableau arrière
Il s’agit généralement d’une variante du safran suspendu, mais l’appendice est fixé à l’arrière du bateau.
Bisafran
Il s’agit d’une configuration plus récente qui a d’abord été adoptée sur les voiliers de course au large en solitaire, mais qui s’est aujourd’hui largement répandue, y compris sur de nombreux voiliers de croisière. Lorsque le bateau est très gîté- par exemple lorsqu’il part au lof – un bisafran a tendance à être plus efficace qu’un seul safran central, ce qui permet de mieux contrôler le bateau. En revanche, le bateau peut être moins réactif lors des manœuvres au moteur, car le flux de l’hélice passe entre les deux safrans.
CONFIGURATION DE GRÉEMENT ET DE VOILES
Les différentes configurations de gréement et les différentes combinaisons de voiles sont une autre manière de distinguer les voiliers. Voici quelques-unes des configurations les plus courantes.
Types de gréement (de gauche à droite) : Gréement en tête, gréement fractionné, gréement de cotre. Remarquez la deuxième voile d’avant sur le bateau gréé en cotre.
Sloop gréé en tête
Le plus courant est le sloop dit bermudien, avec un mât et deux voiles, une grand-voile et une voile d’avant. La voile d’avant est hissée en tête de mât sur l’étai, un câble structurel qui va du haut du mât à l’étrave du voilier.
Sloop fractionné
Très similaire au sloop gréé en tête décrit ci-dessus, mais l’étai d’un sloop à gréement fractionné n’atteint pas le haut du mât. L’un des avantages d’un gréement fractionné est qu’il permet à l’équipage de modifier la forme de la partie haute du mât et d’aplatir ainsi les voiles lorsque le vent forcit et que toute la puissance de la voile n’est plus nécessaire.
Cotre
Très semblable à un sloop, un cotre possède un seul mât et une seule grand-voile également, mais le mât est plus reculé pour permettre l’utilisation simultanée de deux voiles d’avant qui sont hissées sur deux étais distincts. L’étai avant porte le génois et le bas étai porte la trinquette. Historiquement, ce gréement était adopté sur la plupart des bateaux de grande croisière, car il offre un large éventail de combinaisons de voiles possibles selon la force du vent.
La voile d’un gréement aurique est dotée d’une livarde, ce qui lui donne quatre bords au lieu de trois sur un gréement bermudien.
Gréement aurique
Sur le gréement aurique, l’espar supplémentaire, appelé livarde, est relevé avec la voile et permet d’obtenir une grand-voile (et/ou un artimon) à quatre bords. Les bateaux au gréement aurique, sont généralement moins efficaces pour remonter au près. L’extrémité de la livarde proche du mât est appelée gorge et l’extrémité la plus éloignée est appelée pic.
Ketch
Similaire aux sloops, avec l’ajout d’un second mât plus court derrière le grand mât, appelé artimon placé en avant du safran. Autrefois fréquent, même sur des voiliers de 9 mètres, les systèmes modernes de manœuvre ont mené à une réduction drastique du nombre de ketchs produits ces deux dernières décennies.
Types de gréement (de gauche à droite) : Ketch, yawl, goélette. Ces voiliers ont un deuxième mât appelé “mât d’artimon”. Illustration Claudia Myatt.
Goélette
Semblable au ketch, mais le mât arrière est plus grand que celui situé devant. Une goélette peut avoir jusqu’à six mâts, mais la plupart n’en ont que deux.
Yawl
Semblable à un ketch, mais avec un mât d’artimon beaucoup plus petit, placé derrière le safran. Le mât d’artimon et la voile d’un yawl ne sont pas aussi grands que ceux d’un ketch et assurent généralement l’équilibre du bateau plutôt que sa propulsion.
Gréements autoportés
Un certain nombre de voiliers ont des gréements plus inhabituels qui ne possèdent pas de gréement dormant pour maintenir le mât dressé. L’exemple le plus courant est le gréement catboat, originaire de Nouvelle-Angleterre (Etats-Unis). Il se compose d’un seul mât situé à l’avant du bateau et d’une voile d’avant. Il existe de nombreuses variantes, l’une des plus connues étant la gamme Freedom de ketchs à gréement catboat (pour la plupart) qui ont été construits pendant une trentaine d’années à partir du milieu des années 1970.
ACHETER UN VOILIER
L’idée d’acheter un voilier peut être à la fois excitante et un peu intimidante si vous n’en avez jamais possédé auparavant. Il y a quelques points à prendre en compte avant de se lancer dans un tel achat.
Quel est votre budget ?
Le coût de possession d’un voilier dépasse généralement son prix d’achat, il est donc prudent de bien se renseigner. Les dépenses à prendre en compte comprennent les primes d’assurance, les frais de port, de formation, l’entretien régulier ainsi que les réparations ponctuelles.
A minima, il est indispensable de souscrire une assurance responsabilité civile. Si votre voilier ne peut pas être stocké sur une remorque dans votre jardin, aurez-vous les moyens de vous offrir une place dans un port de plaisance ou de trouver un mouillage adéquat ? Consultez notre guide pour trouver la bonne solution de stockage.
Si vous êtes débutant, peut-être devrez-vous suivre une formation pour apprendre à manœuvrer votre voilier, la manière d’utiliser les équipements de sécurité ainsi que les systèmes de communication ? Chaque année, votre voilier doit entièrement contrôlé afin de vous assurer qu’il est en bon état et repérer les éventuelles traces d’usure. S’il est équipé d’un moteur, celui-ci doit être entretenu régulièrement. Pour en savoir plus sur l’entretien de votre bateau, cliquez ici
ACHETER NEUF OU D’OCCASION
Neuf – le pour et le contre
Si vous savez exactement ce que vous attendez de votre voilier, l’achat d’un bateau neuf peut être la meilleure solution. Vous pourrez définir précisément votre bateau et choisir son équipement dans la liste d’options. Les voiliers neufs sont généralement vendus avec une garantie du constructeur, ce qui permet d’avoir l’esprit tranquille. Toutefois, à l’instar d’une voiture neuve, un bateau perd de sa valeur au cours des premières années.
Occasion – avantages et inconvénients
Si le budget est un facteur déterminant dans le choix de votre voilier, un bateau d’occasion peut être une bonne solution. Un modèle âgé de cinq ans peut vous faire économiser 50 % par rapport au prix d’un bateau neuf et des bateaux encore plus anciens peuvent être achetés pour une somme modique.
Il est donc possible d’acheter un bateau plus grand pour un prix d’achat moins élevé avec un bateau d’occasion. Toutefois, il est important de prévoir dans votre budget le coût de fonctionnement et les équipements supplémentaires dont vous aurez besoin. Les voiliers d’occasion sont rarement garantis. Il est donc très important de faire réaliser pour le bateau que vous envisagez d’acheter une expertise complète afin vous assurer de son bon état et de la qualité de son entretien. Lisez notre guide d’achat de bateaux.
VOILIERS À VENDRE
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Note de l’éditeur : Cet article a été initialement publié par Rupert Holmes en anglais, et mis à jour et adapté en français par François Tregouet en mai 2024.