Vous souhaitez donner une nouvelle jeunesse à votre bateau avec une bonne couche de peinture ? La peinture d’origine est devenue terne, parfois poreuse et le lustrage n’est plus suffisant ? Vous préférez travailler vous-même plutôt que de faire appel à un professionnel. Rien d’impossible mais il faut suivre quelques conseils.
Pour obtenir un rendu impeccable, il faut une peinture de qualité, une excellente préparation (elle conditionne largement le résultat final) et une bonne dose d’huile de coude. Et pensez surtout à travailler dans une zone dédiée !
Quels types de peinture ?
Les œuvres vives et les œuvres mortes
Pour une remise à neuf de votre bateau, il faut distinguer les œuvres vives des œuvres mortes. Les premières sont à traiter avec de l’antifouling alors que les secondes supportent la peinture. Cette peinture anti-salissures limite la fixation et le développement des organismes parasites.
Il en existe deux sortes : l’antifouling à matrice dure recommandé pour les embarcations stationnées dans des eaux à fort courant ou navigant en eaux chaudes ; l’antifouling à matrice érodable garde la carène propre sur la saison et doit être renouvelé régulièrement pour les voiliers et les bateaux à moteur n’excédant pas 25 nœuds.
Les mono-composants et les bi-composants
Les mono-composants ne contiennent qu’un seul ingrédient. C’est une laque offrant un rendu très esthétique, facile à appliquer, résistante aux UV et garantissant une bonne barrière contre la poussière. Elle est suffisante si vous n’êtes pas extrêmement pointilleux. En bref, le monocomposant est facile à appliquer, avec un temps de prise très court, un tarif abordable et des retouches plus faciles mais moins résistant dans le temps.
La laque bi-composants contient du polyuréthane et un durcisseur. Elle a un fort pouvoir couvrant, est très résistante, imperméable. Elle doit être utilisée avec un diluant qui permet d’obtenir différentes textures et un vernis qui assure la finition. C’est la solution si vous êtes perfectionniste et si vous souhaitez une meilleure tenue dans le temps. Les bicomposants sont résistants, avec un brillant plus soutenu mais deux fois plus cher et l’application est plus technique.
Les gelcoats offrent une vaste gamme de coloris et assurent une jolie finition mais ils sont moins efficaces que les laques.
Dans les deux cas, il faut préparer le bateau avec dégraissage, ponçage, deux couches de primaire permettant de préparer et de masquer les imperfections avant de passer deux couches de finition.
La préparation du bateau, une étape essentielle
La préparation est essentielle et conditionne largement la qualité du résultat final. C’est une étape qu’il ne faut surtout pas négliger, même si elle peut paraître fastidieuse.
Le nettoyage du bateau
Dès que le bateau est hors de l’eau, passez le plus rapidement possible toute la coque au nettoyeur haute pression. L’humidité facilitera le nettoyage. Inspectez ensuite méticuleusement la carène, y compris les endroits cachés. Démontez tout ce qui peut l’être : l’accastillage, les taquets, winchs, passe-coques, parties en inox ou aluminium… Ce qui ne peut être ôté devra être protégé avec un ruban de masquage.
Un nettoyage complet s’impose. Nettoyeur haute pression, racloir, papier abrasif, ponceuse, éponge et motivation sont nécessaires. Les peintures et cloques doivent être ôtées au grattoir mais jamais avec un décapant chimique. On évite absolument le ponçage à sec ou à chaud pour les antifoulings qui peuvent être dangereux pour votre santé. Pour poncer, on utilise du papier abrasif au grain moyen passé à la main ou avec une ponceuse orbitale (jamais de ponceuse à bande). On commence légèrement avec du grain 50 sans appuyer puis du 180 et on termine avec du 240 pour lisser.
Le résultat doit être uniforme, légèrement éraflé pour une bonne accroche avec une surface propre, sèche, sans traces d’huile ou de graisse.
La phase de peinture
En fonction de l’endroit où est stocké le bateau, le plus compliqué est de trouver un créneau météorologique favorable. L'humidité ne doit pas être trop forte, les températures pas trop élevées, pas de vent pour limiter la poussière… L’idéal est de pouvoir travailler sous un abri suffisamment ventilé (mais sans poussière) avec une température comprise entre 15 et 20 degrés et une humidité ne dépassant pas 60%.
Deux couches de primaire
Une fois que toute la surface du bateau est propre, sèche, sans trace d’huile ou de graisse, il est nécessaire de commencer par une couche de primaire. Elle doit être compatible avec la peinture qui sera utilisée ensuite. Cette couche de primaire assure une meilleure finition, masque les erreurs qui pourraient rester après ponçage et garantit une meilleure adhérence.
Après la première couche, on laisse sécher, on ponce légèrement, on dépoussière. C’est le moment de repérer les petits oublis, les éventuelles poussières collées… Un léger ponçage (au grain 380) ou bouchage à l’époxy permettent de résoudre ces imperfections.
Après la deuxième sous-couche, il est encore possible de perfectionner le résultat avec un papier à eau au grain 400.
Les primaires hautes performances sont recommandées lorsque la peinture est entièrement décapée. La primaire époxyde multifonctions va fixer le gelcoat sur une coque en fibre de verre ou sur une quille métallique. S’il s’agit uniquement de retouches ou d’une peinture mono-composant, un primaire sous-marin suffit.
Cette première opération se fait avec un pinceau ou un rouleau.
La peinture
Lorsque les deux couches de primaire sont posées et que la coque est parfaitement propre, sans trous, rayures ou imperfections, il est temps de passer aux couches de finition après avoir soigneusement ôté toute la poussière (de vieux draps imbibés d’acétone sont bien pratiques).
Là encore, deux couches sont nécessaires avec un léger ponçage entre les deux. On travaille au pinceau pour les endroits difficiles d’accès et au rouleau pour couvrir de plus grandes surfaces. Peintre un bateau au pistolet exige de maîtriser la technique au préalable.
Choisissez un pinceau large aux poils longs et souples et croisez les couches avec un mouvement en diagonale. Le rouleau doit être en mousse très dense avec de petites alvéoles. La dernière couche sera verticale et sans appui. Si vous le pouvez, travaillez à deux : le premier applique la peinture et le deuxième lisse immédiatement avec un pad pour éviter les coulures.
Si vous optez pour une peinture bicomposant, mieux vaut préparer des petites quantités car elle sèche assez vite et vous risquez d’en gâcher.
Lorsque la peinture est terminée, il reste à positionner les nouvelles anodes. Respectez bien le temps de séchage avant la remise à l’eau.
La réglementation et la solution du carénage écologique
La réglementation
Le carénage et l’application de l’antifouling ne peuvent être effectués n’importe où ! Écailles de peinture, grains, restes du ponçage, du lavage, ancienne couche d’antifouling sont des polluants. Le carénage doit être réalisé dans un endroit dédié où les résidus peuvent être traités.
Respecter l’environnement
Les antifoulings peuvent être nocifs mais certains sont plus respectueux de l'environnement avec moins de cuivre et de pesticides…
On a le choix entre des peintures à matrice érodable avec un liant soluble dans l’eau ; des peintures à matrice dure avec un liant ne se dissolvant pas dans l’eau et des biocides (produits chimiques luttant contre les organismes marins) qui se diffusent dans le milieu et dans l’eau. Les peintures à matrice mixte sont un intermédiaire.
Pour éviter d’acheter trop de pots, on applique la formule suivante : la longueur à la flottaison x (largeur + tirant d’eau) x facteur de forme de coque. Ce dernier peut être inexistant ou 0,75 ou 0,55. On compte généralement entre 8 et 11 m² de couverture au litre d’antifouling.
Depuis quelques années, des alternatives aux peintures antifouling font leur apparition comme les peintures siliconées, l’adhésif, le pare-fouling (bâche)…
D’autres solutions se mettent en place comme le principe de la station de lavage automobile appliquée aux bateaux avec nettoyage immergé 100% écologique et ne prenant que 15 minutes…
Quelques conseils supplémentaires
Pensez à bien vous protéger lors du ponçage et de l’application de l’antifouling car il y a dégagement de composants organiques volatiles nocifs. Portez masque, lunettes, gants.
Pour le prochain carénage, vous pouvez choisir deux antifoulings de couleur différente ; l’usure est plus facile à visualiser surtout pour une version érodable.
Ne jamais appliquer de l’antifouling sur une surface mal préparée.
Choisissez l’antifouling en fonction de l’eau, du temps passé dans l’eau, de la température et de la vitesse moyenne de navigation.
Dans la mesure du possible, utilisez des bers réglables pour les déplacer et ne pas laisser de zones mal protégées et faire des raccords.
Sachez que c’est à quai que le bateau se salit le plus. Prenez le large et naviguez aussi souvent que possible.
En savoir plus sur :
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- Conseils pour la navigation écologique